Le Nouvel An japonais, ou shōgatsu (正月), est l’une des fêtes les plus importantes de l’année au Japon. Bien plus qu’un simple passage au 1er janvier, il s’agit d’un moment de renouveau spirituel, de purification et de gratitude. Contrairement à l’Occident, où les festivités sont centrées sur les feux d’artifice ou le compte à rebours, le Japon valorise le silence, les rites, et les symboles.
À cette occasion, de nombreux objets traditionnels sont installés dans les foyers, devant les entrées, ou dans les lieux de culte. Chacun de ces éléments a une fonction précise : accueillir les divinités de la nouvelle année, chasser les esprits négatifs, ou attirer la prospérité. Pourtant, ces objets, riches de sens et de poésie, sont souvent méconnus en dehors du Japon. Découvrons ensemble ces trésors discrets qui ponctuent le passage vers l’an nouveau.
Pourquoi ces objets sont-ils essentiels pour le Nouvel An japonais ?
Avant d’en explorer les formes, il faut comprendre leur importance culturelle et spirituelle dans la tradition japonaise.
Une fête spirituelle avant tout
Shōgatsu est une période profondément liée au shintō, la religion autochtone du Japon, fondée sur la vénération des forces de la nature (les kami). Chaque objet placé durant cette période a pour fonction d’accueillir Toshigami-sama, la divinité du Nouvel An, qui descend dans les foyers pour bénir les familles.
Ces objets agissent comme des marqueurs spirituels : ils signalent que le lieu est purifié, prêt à recevoir les bienfaits de l’année à venir.
Une symbolique précise pour chaque élément
Rien n’est décoré au hasard : chaque matériau, chaque forme, chaque orientation a un sens, ces objets permettent de :
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Repousser les énergies néfastes de l’année passée
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Attirer la chance, la santé et la réussite
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Créer un lien entre les vivants et les divinités
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Exprimer des vœux pour l’année à venir
Cette attention aux détails reflète l’esprit japonais du quotidien sacré, où les petits gestes sont porteurs d’une sagesse millénaire.
Décorations et objets traditionnels du Nouvel An japonais
Découvrons maintenant les objets les plus emblématiques, souvent invisibles pour les visiteurs étrangers, mais omniprésents au Japon.
Kadomatsu - Le portail des divinités
Le kadomatsu est un arrangement floral composé de bambou, de branches de pin et parfois de prunier, placé de chaque côté de la porte d’entrée.
Fonction :
Accueillir la divinité de l’année (Toshigami-sama) et créer un lien entre le monde humain et celui des kami.
Symboles inclus :
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Bambou (také) : droiture, croissance rapide, flexibilité face à l’adversité
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Pin (matsu) : longévité, force, éternité
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Prunier (ume) : courage, renaissance après l’hiver
À noter :
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Installé entre le 26 et le 30 décembre, retiré après le 7 janvier.
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Il est souvent brûlé ensuite lors d’un rite purificateur (dondoyaki).
🎍 Le kadomatsu est l’un des objets les plus sacrés du Nouvel An, mais rarement compris dans sa symbolique en dehors du Japon.
Shimenawa - La corde sacrée purificatrice
Le shimenawa est une corde tressée en paille de riz, souvent décorée de papiers blancs (shide), suspendue au-dessus des portes.
Fonction :
Délimiter un espace sacré et purifier le seuil d’une maison ou d’un sanctuaire.
Symbolique :
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Chasse les esprits impurs
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Invite la présence des kami
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Annonce que le foyer est prêt à accueillir l’énergie nouvelle
Variantes :
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Peut être circulaire, en forme de cœur ou de spirale
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Utilisée aussi sur les voitures ou les boutiques
Le shimenawa rappelle la frontière entre le profane et le sacré, un concept central du shintō.
Kagami mochi - L'offrande de riz à la divinité
Le kagami mochi est un empilement de deux gâteaux de riz ronds, surmontés d’une petite orange (daidai).
Fonction :
Offrande destinée à Toshigami-sama, posée dans le salon ou dans le tokonoma (alcôve sacrée).
Symboles :
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Les deux mochi : le passé et le futur
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Le daidai (橙) : prospérité générationnelle (le mot signifie aussi “de génération en génération”)
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L’ensemble évoque un miroir sacré (kagami), l’un des trois trésors impériaux
Rituel associé :
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Kagami biraki (開き) : ouverture du mochi (souvent cassé à la main) autour du 11 janvier, mangé sous forme de soupe (ozōni)
🍊 Le kagami mochi incarne la continuité, l’harmonie et la gratitude, trois piliers de la pensée japonaise.
Hamaya - La flèche qui chasse le mal
La hamaya est une flèche décorative vendue dans les temples durant le Nouvel An.
Fonction :
Elle est censée briser les mauvais esprits et protéger la maison durant toute l’année.
Particularités :
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Elle est souvent accompagnée d’un arc miniature (hamayumi)
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Chaque année, la flèche de l’année précédente est rapportée au temple et brûlée rituellement
Utilisation :
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Installée dans l’entrée, parfois dans un coin du salon ou sur un autel domestique
Cette flèche n’est pas une arme : elle est un symbole de purification et de vigilance.
Fukusasa - Le bambou de la chance
Moins connu encore, le fukusasa est un rameau de bambou orné de petits objets dorés (clochettes, amulettes, pièces…).
Fonction :
Il est dédié à Ebisu, le dieu du commerce et des pêcheurs, pour attirer la prospérité économique.
Particularités :
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Très présent à Osaka et dans le Kansai
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Distribué dans certains temples (ex : Imamiya Ebisu) pendant la fête du Tōka Ebisu (10 janvier)
Symboles accrochés :
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Masques de divinités rieuses
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Bourses, rames, filets
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Petits daruma ou maneki neko miniatures
🎋 Le fukusasa est très populaire chez les commerçants, mais reste largement inconnu en dehors du Japon.
Le Nouvel An japonais est bien plus qu’un simple passage de date. À travers ses objets traditionnels, il révèle une culture du sacré, du lien avec la nature et de la purification intérieure. Chaque kadomatsu, chaque flèche hamaya, chaque corde shimenawa incarne une intention : faire place au renouveau dans le respect du passé.
Alors que ces symboles sont souvent ignorés en Occident, ils constituent un trésor de sens pour qui sait les regarder. Ils nous rappellent que commencer une nouvelle année, ce n’est pas faire la fête, c’est recréer les conditions d’un monde harmonieux, à l’intérieur comme à l’extérieur de soi.
FAQ - Questions fréquentes à propos du Nouvel An japonais
Que symbolise le kadomatsu ?
Il symbolise l’accueil de la divinité de la nouvelle année et la connexion entre l’homme et les kami.
Pourquoi met-on deux mochis dans le kagami mochi ?
Ils représentent le passé et le futur, réunis dans le présent pour attirer l’harmonie.
Quelle est la signification de la flèche hamaya ?
Elle sert à chasser les mauvais esprits et protéger le foyer durant toute l’année.
Le shimenawa est-il réutilisable ?
Non, il est généralement brûlé après le Nouvel An lors d’un rituel purificateur;
Où acheter des objets traditionnels japonais pour le Nouvel An ?
Dans les sanctuaires shintō, les temples ou les marchés traditionnels à la fin décembre si vous êtes au Japon, ou sinon directement en ligne sur des boutiques comme Japan Mood, Japan Vibes ou encore Ma Décoration Japonaise.


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