Tout savoir sur l'art du sumotori au Japon


Le sumo, un spectacle de force, de stratégie, et de tradition profonde, incarne l'esprit du Japon depuis des siècles. Ce sport de lutte, où des combattants colossaux s'affrontent dans un cercle sacré, est bien plus qu'un simple divertissement. Plongeons dans l'art du sumotori, où chaque mouvement, chaque rituel, raconte une histoire riche imprégnée de la culture japonaise.

ORIGINES ET HISTOIRE DU SUMO AU JAPON

Les origines du sumo remontent aux rituels religieux pratiqués au Japon il y a des millénaires. À l'époque, les cérémonies de lutte étaient destinées à apaiser les esprits et à assurer des récoltes abondantes. Ces combats primitifs ont évolué au fil du temps pour devenir une forme de divertissement populaire pendant l'ère Edo (1603-1868). L'année 1684 marque un tournant crucial avec la création du premier tournoi de sumo professionnel, établissant ainsi les bases du sport tel que nous le connaissons aujourd'hui. Les tournois officiels, appelés "basho", ont été instaurés au XVIIe siècle, marquant le début d'une ère où les rikishi, ou lutteurs, se sont engagés dans des compétitions régulières devant un public de plus en plus enthousiaste.

L'histoire du sumo est étroitement liée à la culture japonaise et à ses valeurs traditionnelles. Les rikishi ne sont pas simplement des athlètes, mais des gardiens d'une tradition séculaire, portant sur leurs larges épaules l'héritage de siècles de pratiques rituelles et de compétitions passionnées. Le sumo, enraciné dans la spiritualité et le respect des anciens, a su s'adapter au fil des siècles tout en préservant son essence fondamentale, créant ainsi un lien vivant entre le Japon d'aujourd'hui et son passé ancien.

LE RIKISHI : NOM TRADITIONNEL DES COMABATTANTS

Le terme "rikishi" est bien plus qu'un simple nom pour les combattants de sumo ; il englobe une identité empreinte de traditions et de codes honorifiques. Chaque rikishi, du débutant au grand champion, appartient à une écurie, ou "heya", dirigée par un ancien lutteur de haut rang. Cette structure hiérarchique confère au sumo une dimension de vie communautaire où les lutteurs vivent, s'entraînent et évoluent ensemble, partageant une fraternité unique au sein de leur écurie.

Le parcours d'un rikishi est jalonné de promotions et de rétrogradations, établissant une hiérarchie dynamique basée sur les performances lors des tournois. Le sommet de cette hiérarchie est représenté par le grade de "yokozuna", le plus élevé dans la hiérarchie du sumo. Le titre de yokozuna n'est pas seulement une reconnaissance de compétence technique, mais également une accolade honorifique décernée à ceux qui incarnent l'esprit du sumo sur et en dehors du ring. Ainsi, le rikishi, bien plus qu'un simple lutteur, devient un gardien zélé des traditions, un représentant de son écurie, et éventuellement, un porteur de l'illustre titre de yokozuna, symbole ultime de réussite dans le monde du sumo.

QUELLE TENUE PORTE UN SUMO

La tenue emblématique du sumo, appelée "mawashi", est une pièce essentielle du costume des rikishi, symbolisant à la fois la simplicité et la profondeur du sport. Fabriqué en soie épaisse, le mawashi est une ceinture large qui est soigneusement enroulée autour de la taille et entre les jambes du lutteur, formant une sorte de pagne. La couleur vive du mawashi est choisie en fonction du rang du combattant, ajoutant une dimension visuelle à la hiérarchie du sumo. Le choix de ce vêtement minimaliste met en avant la force brute et la grâce des rikishi, tout en mettant en valeur la nature épurée du combat qui va au-delà des artifices vestimentaires.

Au-delà du simple aspect visuel, le mawashi est un symbole de l'honneur et de la tradition dans le sumo. En le portant, les lutteurs démontrent une vulnérabilité apparente, exposant leur corps à l'adversaire sans protection. Cette simplicité renforce l'importance des compétences techniques et de la force brute, mettant en lumière la pureté du combat. Ainsi, le mawashi, bien plus qu'un simple vêtement de lutte, incarne la philosophie du sumo, où la véritable essence du sport est dévoilée dans la sobriété de la tenue et la puissance brute du rikishi.

L'ENTRAÎNEMENT DES RIKISHI

L'entraînement des rikishi dans le monde du sumo est synonyme de discipline intense, de dévouement et de rigueur. Chaque journée commence tôt avec des rituels spécifiques, souvent débutant par des exercices d'échauffement et de flexibilité pour préparer le corps robuste des lutteurs aux exigences physiques à venir. Les séances d'entraînement, qui peuvent durer plusieurs heures, se concentrent sur la maîtrise des techniques de lutte spécifiques au sumo, telles que les prises, les lancers, et les manœuvres d'esquive.

Les rikishi vivent et s'entraînent ensemble dans des écuries, appelées "heya", sous la direction attentive d'un ancien lutteur de haut rang. Ces écuries fonctionnent comme des communautés où les lutteurs plus expérimentés guident les débutants, favorisant un esprit de fraternité et de responsabilité collective. L'entraînement se déroule sur un ring en argile appelé "dohyo", où les combats réels auront lieu lors des tournois. Les lutteurs pratiquent non seulement les aspects physiques du sumo, mais aussi les rituels précédant les combats, tels que le salut et le lancer de sel pour purifier le ring. L'entraînement intense, la vie communautaire, et la vénération des traditions font du quotidien d'un rikishi une immersion totale dans l'art du sumo, où la persévérance et le respect des enseignements anciens sont des éléments fondamentaux de leur formation.

QUEL EST LE RÉGIME ALIMENTAIRE D'UN SUMO ?

Le régime alimentaire d'un sumo est aussi impressionnant que son physique imposant. La prise de poids est une priorité pour ces lutteurs, et leur régime est spécialement conçu pour favoriser une masse corporelle importante. Au centre de cette alimentation figure le plat emblématique du sumo, le "chanko-nabe". C'est un ragoût copieux composé de viandes variées, de poissons, de légumes, de tofu et de nouilles, cuit dans un bouillon savoureux. La consommation régulière de chanko-nabe est essentielle pour fournir aux rikishi les calories nécessaires à leur entraînement intense et à la prise de poids souhaitée.

En plus du chanko-nabe, les rikishi suivent des régimes riches en protéines et en glucides, avec des portions généreuses de riz, de poisson, de viande et de légumes. Les repas sont souvent complétés par des collations énergétiques entre les séances d'entraînement. La régularité des repas est une caractéristique importante du régime alimentaire des sumos, contribuant à maintenir un niveau constant d'énergie nécessaire pour soutenir leur physique imposant. Bien que le régime alimentaire des sumos puisse sembler excessif, il est étroitement lié à la nature même du sport, où la masse corporelle joue un rôle crucial dans la réussite des combats.

QUEL POIDS FAIT UN SUMO ?

Le poids des sumos varie considérablement en fonction de leur catégorie de poids, et ces athlètes exceptionnellement massifs peuvent atteindre des chiffres impressionnants sur la balance. Les catégories de poids dans le sumo vont des poids légers aux poids lourds, avec des divisions spécifiques basées sur le poids du lutteur. Les rikishi les plus imposants peuvent dépasser les 200 kilogrammes, voire plus, faisant d'eux des géants sur le ring. Cette diversité de poids ajoute une dimension stratégique aux combats, car la masse corporelle est souvent utilisée comme un avantage tactique. Les lutteurs plus lourds peuvent exploiter leur poids pour résister aux attaques de leurs adversaires, tandis que les combattants plus légers peuvent privilégier la vitesse et la mobilité pour l'emporter.

La prise de poids est un objectif délibéré pour de nombreux sumotoris, et des régimes spécifiques, comme le fameux chanko-nabe que l'on a évoqué précédemment, sont conçus pour favoriser cette croissance physique. Cependant, il est essentiel de noter que malgré leur masse impressionnante, les rikishi sont également des athlètes agiles et puissants, capables de démontrer une variété de techniques de lutte qui transcendent leur apparence imposante. Le poids des sumos, bien qu'une caractéristique dominante, ne doit pas masquer la finesse technique et la grâce dont ils font preuve sur le dohyo, le ring de sumo.

QUELLE EST LA DURÉE DE VIE D'UN SUMO ?

La durée de vie d'un sumo professionnel est souvent influencée par la rigueur physique du sport et la pression constante sur le corps des lutteurs. En moyenne, la carrière d'un rikishi peut durer de quelques années à une décennie, mais il existe des exceptions des deux côtés de cette fourchette. Les blessures fréquentes liées aux combats intenses peuvent être un facteur limitant, incitant certains lutteurs à se retirer plus tôt que prévu. Cependant, il n'est pas rare de voir des sumotoris chevronnés compétir au plus haut niveau jusqu'à la trentaine, voire au-delà, démontrant une résilience physique remarquable.

Après leur retraite du monde professionnel, de nombreux anciens rikishi continuent de rester impliqués dans le sumo en tant qu'entraîneurs, arbitres, ou en occupant d'autres rôles au sein des écuries. Leur statut d'anciens lutteurs de haut rang leur confère souvent un respect particulier dans la société japonaise, et certains deviennent des personnalités publiques vénérées. Ainsi, bien que la carrière active d'un sumo puisse être relativement courte, son impact et son engagement envers le sport peuvent se prolonger bien au-delà, contribuant à la perpétuation et à l'évolution de la tradition du sumo. La durée de vie d'un sumo est généralement de 65 ans grand maximum.

LES RÈGLES D'UN COMBAT DE SUMO

Les règles d'un combat de sumo sont strictes et codifiées, contribuant à la singularité de ce sport ancien. Les affrontements se déroulent dans un cercle de combat sacré, et l'objectif est de projeter l'adversaire hors du ring ou de le faire toucher le sol avec une partie du corps autre que la plante des pieds. Avant le début du combat, les lutteurs effectuent un rituel de purification en jetant du sel sur le ring, symbolisant la purification du dohyo et éloignant les esprits malveillants. Cela crée une atmosphère empreinte de respect et de spiritualité, soulignant l'importance des traditions dans le sumo.

Le combat commence lorsque les deux lutteurs se saluent mutuellement et adoptent une posture spécifique, prêts à se lancer l'un contre l'autre. La tactique et la rapidité sont cruciales, car un combat peut se terminer en quelques secondes. Les rikishi utilisent une variété de prises, de poussées, et de mouvements d'esquive pour gagner l'avantage. Les rencontres peuvent être intenses, avec des moments de suspense alors que les lutteurs cherchent à anticiper et à contrer les mouvements de leur adversaire. L'observation de ces règles immuables, alliée à la grâce et à la puissance déployées sur le dohyo, fait du combat de sumo un spectacle captivant et respectueux de son héritage.

OÙ ASSISTER À UN COMBAT DE SUMO AU JAPON ?

Assister à un tournoi de sumo au Japon est une expérience culturelle unique qui offre un aperçu fascinant de la passion et de la tradition entourant ce sport emblématique. Les principaux tournois de sumo, appelés "basho", ont lieu six fois par an à Tokyo, Osaka, Nagoya, et Fukuoka. Le tournoi de Tokyo, organisé au Ryogoku Kokugikan, le plus grand stade de sumo au Japon, est particulièrement prisé. L'atmosphère électrique dans la salle, le bruit des tambours et des chants des fans créent une ambiance inoubliable, faisant de chaque jour du tournoi une célébration du sumo sous toutes ses formes.

L'achat de billets pour un basho peut être une tâche délicate, car ces événements sont très populaires. Il est recommandé de réserver ses places à l'avance, surtout pour les journées finales où les enjeux sont plus élevés. Les spectateurs auront la chance de voir de près les rituels préliminaires, d'assister à des combats passionnants, et d'apprécier la cérémonie de remise des trophées aux vainqueurs. Que l'on soit un amateur de sport ou un passionné de culture japonaise, assister à un tournoi de sumo offre une immersion profonde dans un univers où la tradition, la compétition et le respect convergent pour créer une expérience inoubliable.

ET LES FEMMES SUMO DANS TOUT ÇA ?

Le monde du sumo, longtemps ancré dans la tradition et la masculinité, a vu émerger ces dernières années une présence croissante de femmes sumo qui brisent les stéréotypes de genre. Bien que les femmes ne soient pas autorisées à participer aux tournois professionnels officiels réservés aux hommes, elles ont créé leurs propres compétitions indépendantes, appelées "joshi-zumo". Ces événements, qui attirent de plus en plus d'attention et de participants, permettent aux femmes de démontrer leurs compétences et de contribuer à l'évolution de la perception du sumo au Japon.

Les femmes sumo luttent avec la même intensité, la même technique et la même passion que leurs homologues masculins. Elles repoussent les limites et déconstruisent les notions préconçues de ce que devrait être un lutteur de sumo. Bien que la route vers une reconnaissance formelle dans le monde professionnel puisse être encore longue, la présence croissante des femmes sumo marque un changement significatif dans la dynamique traditionnelle du sumo, soulignant la volonté de la communauté de s'ouvrir à la diversité et de permettre à tous les passionnés de participer à cette discipline unique.

Pour conclure, nous pouvons dire que le sumo transcende le simple combat physique pour devenir une représentation vivante de la culture et de la tradition japonaises. De l'histoire des rikishi à la ferveur des tournois, chaque aspect de cet art ancestral reflète l'âme du Japon. Assister à un tournoi de sumo est bien plus qu'une expérience sportive, c'est une plongée profonde dans l'héritage et la passion qui entourent cet art du combat unique au monde.

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